Premiers Jeux Olympiques à se dérouler sur le sol français depuis un siècle, la cérémonie d'ouverture de ces derniers, qui a eu lieu le 26 juillet, était particulièrement scrutée, d'autant plus qu'il s'agissait de la première cérémonie de l'histoire des Jeux modernes à ne pas se dérouler dans un stade. Mais alors, qu'en a pensé le reste du monde ? Si le résultat a été globalement salué, certaines polémiques n'ont pas manqué d'être soulignées par la presse et les leaders étrangers.
Le Monde
Les Jeux Olympiques de Paris ont débuté par l'incontournable cérémonie d'ouverture le 26 juillet 2024, un siècle pile après les derniers JO qui s'étaient tenus sur le sol français, en 1924.
Une cérémonie "inoubliable" et "époustouflante" pour une grande partie de la presse étrangère
Les réactions ont afflué de l'ensemble des continents pour commenter cette cérémonie d'ouverture des JO à la française, et elles étaient pour beaucoup plutôt positives. De nombreuses presses étrangères, qu'elles soient de gauche comme de droite, ont ainsi fait part de leur enthousiasme dans des unes plutôt parlantes. Ainsi, le journal conservateur espagnol La Razón titre : "Paris éblouit avec ses Jeux Olympiques", tandis que le britannique The Guardian, tendant plus vers le centre gauche, inaugure l'évènement en titrant : "Que les Jeux commencent !".
Globalement, les presses étrangères saluent "une cérémonie axée sur la diversité" comme le quotidien brésilien Fohla de São Paulo, mais aussi une "interprétation sombre et émouvante de l'hymne national français" pour la chaîne quatarie Al-Jazeera, notamment avec la mise en valeur de "la contribution des femmes à la société française", la chaîne faisant référence aux statues de figures féminines de l'histoire française comme Olympe de Gouges, qui ont pris place face à l'Assemblée nationale.
Le New York Times applaudit lui la prestation d'Aya Nakamura et de la Garde républicaine face à l'Académie française, en soulignant : "Son français est le français d’un Paris vivant". Le journal poursuit en ne manquant pas de rappeler les controverses qu'avait suscitées l'annonce de la participation de la chanteuse franco-malienne à la cérémonie :
"Une prestation qui mêle avec brio tradition française et modernité, et qui a provoqué la colère de l'extrême droite."
La Tribune de Genève
La prestation d'Aya Nakamura, l'une des artistes francophones les plus populaires dans le monde, et de la Garde républicaine, a été applaudie par plusieurs presses étrangères.
Enfin, certains dirigeants internationaux n'ont pas manqué de réagir positivement à l'évènement, comme le chancelier allemand social-démocrate Olaf Scholz qui fait l'éloge d'une cérémonie "unique", ou le Premier ministre canadien libéral Justin Trudeau qui a mis en avant la prestation de Céline Dion, en la qualifiant "d'inoubliable". Le retour de la superstar canadienne a été très apprécié aux 4 coins du monde, en témoigne le commentaire du New York Times à son sujet :
"Une sorte de showgirl angélique, rayonnant depuis les entrailles de la tour Eiffel."
Un côté "bizarre" et "kitsch", mais aussi "une eau qui tombe en cascade"
Certains internautes n'ont cependant pas manqué de critiquer le choix d'organiser la cérémonie sur la Seine et non dans un stade comme cela était la tradition jusqu'alors, tout en qualifiant l'évènement de "bizarre". Dans le même registre, le New York Times a trouvé le rendu final plutôt "kitsch" mais a tout de même salué les performances de Lady Gaga ainsi que celle du groupe de heavy metal Gojira à la Conciergerie.
Cependant, le groupe de metal extrême a tout de même dû faire face à son lot de polémiques, notamment en présentant une Marie-Antoinette décapitée aux fenêtres du bâtiment. Les réactions sont surtout venues du monde politique français, la sénatrice LR Valérie Boyer dénonçant "une vision de notre histoire, qui met en spectacle la décapitation de Marie-Antoinette", et le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon estimant "la peine de mort et l'exécution de Marie-Antoinette sont d'un âge des punitions que nous ne voulons plus revoir".
Wikimedia Commons
Joe Duplantier, le chanteur et guitariste du groupe de heavy metal Gojira ici en 2017, a été propulsé sur le devant de la scène grâce à la performance de son groupe à la cérémonie d'ouverture des JO, qui a gagné 282% d'écoutes sur Spotify en France, et 129% à l'international.
Les presses du monde n'ont toutefois pas toutes apprécié l'arrivée d'une invitée surprise qui a gâché la fête pour certains : la pluie. Ainsi, le quotidien italien de centre-droit Il Corriere della Sera note que : "À 20h30, les premiers invités commencent à partir" avec, en tête, le président italien Sergio Mattarella. Malgré tout, la prestation des athlètes parvient (presque) à faire oublier la météo pour d'autres, à l'instar du quotidien conservateur argentin La Nación :
"La joie des athlètes dépasse [les problèmes de] météo."
Une "désintégration de l'Occident" et une "humiliation du christianisme" pour d'autres
La cérémonie n'a toutefois pas été du goût de tous les chefs d'État du monde, à commencer par le Premier ministre hongrois Viktor Orban, qui assure actuellement la présidence tournante de l'UE, mais qui est aussi réputé pour être l'un des plus proches alliés du Kremlin en Europe. Il a notamment parlé de " la faiblesse et la désintégration de l’Occident ", et voit dans cet évènement "l’absence de morale publique". Du côté de Moscou, la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova a évoqué un Paris "transformé en ghetto" et "innondé par les rats", tout en pointant du doigt "l'effondrement des transports", faisant ici référence aux attaques ayant visé la SNCF le jour de la cérémonie.
Outre-Atlantique, c'est l'ancien président américain et candidat à la prochaine présidentielle Donald Trump qui a eu la réaction la plus virulente : "C'est une honte." a-t-il déclaré, avant de poursuivre : "Nous n'aurons pas de Cène dépeinte comme ils l'ont fait l'autre jour [aux JO de Los Angeles en 2028]." Trump fait ici référence à ce qui est sans doute la plus grosse polémique de ces JO : le tableau "Festivités", présentant le chanteur Philippe Katherine quasi-nu et peint en bleu au premier plan, et un groupe de personnes à table au second plan, parmi lesquelles des figures LGBT comme la DJ Barbara Butch ou encore des drags queens tel que Nicky Doll, présentatrice de l'émission Drag Race France ou Paloma, gagnante de la première édition. La scène a choqué la chrétienté du monde entier, qui y voit une représentation de la Cène, un tableau de Léonard de Vinci datant de 1495, et qui présente le dernier repas de Jésus-Christ et de ses apôtres. Les réactions ont été nombreuses et vives dès le lendemain, la Conférence des évêques pointant du doigt "des scènes de dérision et de moqueries du christianisme", le boxeur Benoît Saint-Denis regrettant "l'humiliation que le christianisme a subie", ou encore le président turc Recep Tayyip Erdoğan affirmant : "Les Jeux Olympiques ont été utilisés comme un outil de perversion qui corrompt la nature humaine". Or, Thomas Jolly, le directeur artistique de la cérémonie, a réagi à la polémique et nié tout lien avec le tableau de De Vinci :
"Je crois que c'est assez clair, il y a Dionysos [Philippe Katherine] à cette table. Il est là parce qu'il est le dieu de la fête, du vin, et père de Sequana, déesse reliée du fleuve."
Dès lors, un autre tableau peut sembler servir de sources d'inspirations à la scène : Le Festin des Dieux, exposé au musée Magnin de Dijon, qui présente plusieurs similitudes avec celle-ci : la présence de Dionysos au premier plan et d'Apollon derrière, par exemple.
L'Équipe
Philippe Katherine, ici au premier plan et dépeint en Dionysos, s'est excusé auprès de la communauté chrétienne sur la chaîne de télévision américaine CNN.
Mais si le personnage incarné par Philippe Katherine a fait couler beaucoup d'encre dans de nombreux pays, ce n'est pas le cas partout. En effet, celui-ci a fait sensation en Chine, où ce dernier a explosé sur les réseaux sociaux chinois. Dessins à l'aquarelle, modèles en pâtes à modeler et même cosplays, les internautes chinois ne manquent pas d'inspiration pour représenter "L'artiste Schtroumphf" comme ils l'appellent désormais.
Si la cérémonie d'ouverture aura donc été très commentées partout dans le monde, positivement ou négativement, les athlètes de toutes catégories se succèderont jusqu'au 11 août, date à laquelle cette édition 2024 des Jeux Olympiques à la française sera clôturé.
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